Les Suzuki Vitara et Grand Vitara parcourent nos routes depuis plus de 20 ans et font vraiment partie du paysage... Pour l'instant. Essai de l'ultime version de cette lignée.

C'est officiel, la Suzuki Grand Vitara tel que nous le connaissons disparaît à terme du catalogue français. En cause, le marché des SUV qui a siphonné le réservoir de clients potentiels, et le malus écologique qui a détourné les clients les plus motivés vers un autre modèle. L'imminent SUV qui le remplace, baptisé Suzuki Vitara, sera beaucoup plus routier.

Drôle d'ironie: à sa sortie en 1990 le Vitara était l'un des premiers 4x4 à ouvertement négliger ses capacités de franchissement au bénéfice de ses capacités routières, montrant à Toyota la voie à suivre avec le RAV4 puis aux autres SUV. Tandis que notre exemplaire du jour... Ce sont ses plus importantes capacités tout terrain qui font sa différence par rapport à la concurrence…

Rien à dire en terme de conception, le Suzuki Grand Vitara s'aligne sur ce qui se fait de plus moderne chez les 4x4: coque autoportante à châssis intégré, et 4 roues indépendantes. La transmission, bien loin de celle des débuts, est bien entendu à 4 roues motrices en permanence. On peut compter, en vrai tout terrain, sur un blocage de différentiel central et sur un réducteur, qui s’activent successivement par un simple bouton rotatif au tableau de bord.

Sous le capot, le 1.9 DDiS n’a aucune origine japonaise, puisqu’il s’agit du 1.9dCi qu’on peut retrouver sur à peu près n’importe quelle Mégane ou Laguna. Il s’agit de l’ultime version de ce moteur, qui développe ici 129 chevaux pour un couple de 30.6 mkg.

A l’usage, notre 1.9dCi, ou plutôt notre 1.9 DDiS a un peu vieilli mais il garde de beaux restes. Tout d’abord, il grogne un peu, notamment à l’accélération. On sent que le véhicule a été conçu à l'origine pour de silencieux moteurs à essence japonais… Ca manque un peu de filtre acoustique. Ensuite, on a ce petit effet turbo à l’ancienne, qui est finalement plutôt agréable. Et mine de rien, il marche bien ce Grand Vitara, même si… on aurait bien aimé goûter aux 224 chevaux du 3.2 V6 auquel les français n'ont jamais eu droit ! On regrettera l’absence de 6ème vitesse, qui aurait permis d’abaisser le niveau sonore et les consommations sur long trajet. En réalité, on s’habitue très bien au niveau sonore du Suzuki Grand Vitara sur autoroute. Vous vous rappelez à l’époque quand on disait d’un diesel « oui mais on s’habitue » ? Et bien on y est. Ca n’est pas gênant, on s’habitue mais… la concurrence se fait plus discrète quoi qu’il arrive.

Le Suzuki Grand Vitara est un peu entre deux catégories… Pur 4x4 à l’ancienne ou SUV ? Le moteur longitudinal et la présence d’un réducteur font pencher pour la première solution… La consommation aussi ! Objectivement, en brûlant 9 litres aux 100 durant notre essai, on a consommé presque autant que certains gros 4x4 récents. La faute à la boite 5, au moteur qui a un peu vieilli… Et en découlent des émissions CO2 de 174 g/km, en amélioration par rapport au passé mais largement supérieures à ce que les derniers SUV proposent: le S-Cross descend à 114 g/km. Rapporté au barème du malus écologique, la messe est dite: le Grand Vitara écope d’une pénalité de 2200 euros, et ça fait mal.

Si la tenue de route n’est pas non plus celle d’un SUV comme le Suzuki S-Cross notamment, elle n’en reste pas moins très saine. On pourra clairement rouler à bonne allure, très bonne allure en Grand Vitara. On a le comportement d’une berline et non d’un 4x4. Les 4 roues indépendantes (et motrices en permanence…) lui ont apporté un toucher de route inédit, tandis que la disparition du différentiel arrière à glissement limité en 2009 a assaini ses réactions à l'approche des limites. C’est moins joueur mais plus facile…

Le glissement limité a donc disparu du différentiel arrière, mais le Suzuki Grand Vitara n’a pas à cette occasion perdu de ses capacités de franchissement, puisqu’il a adopté par la même occasion un antipatinage efficace puisqu'il fonctionne, lui, sur les 4 roues. Il conserve donc une certaine aptitude au franchissement, sous réserve de ne pas abimer les beaux boucliers peints et de ne pas se poser sur le ventre. N’oublions pas que le roi du trial chez Suzuki, c’est plutôt le Jimny !

Vous ne pourrez pas vous perdre dans la gamme du Grand Vitara puisqu’il n’y a plus qu’un seul modèle, qu’une seule finition, et pratiquement pas d’option. Quelques détails datent un peu le véhicule: on n’a par exemple ni phares ni essuie-glaces automatiques. Mais le Grand Vitara est cependant assez bien équipé d’origine, avec par exemple deux prises 12 V, les sièges chauffants et un GPS…

Tiens, parlons du GPS. Facile à utiliser, efficace dans ses trajets, il nous a tout de même paru un peu simpliste. Pas possible d’afficher distance restante et temps restant en même temps, et on ne vous parle pas de quelques phrases étranges, comme "veuillez rejoignez la route en surveillance ».

Il y a quelque chose d’agréable dans le Suzuki Grand Vitara, outre son look sympa, c’est son gabarit raisonnable, comme son nom… ne l’indique pas. Là où la concurrence fait grandir régulièrement ses modèles (les X-Trail et RAV4 en attestent), le Grand Vitara a su rester d’une taille contenue, ce qui n’est pas pour nous déplaire dans la vie de tous les jours. Conséquence de tout cela, l’habitabilité arrière est suffisante sans plus, et le coffre n’a rien à voir avec celui d’un Honda CR-V par exemple. On ne peut pas tout avoir !

Le Suzuki Grand Vitara n’est ni un SUV au sens propre du terme, ni un 4x4 pur et dur. En ce sens, il offre un compromis que l’on ne retrouve pas ailleurs… Et pour un tarif pas inintéressant. On aurait espéré le garder encore longtemps au catalogue.

Texte Manu Bordonado
Photos Potman

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